Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le gâteau sous la cerise
Albums Photos
3 avril 2012

La Terre outragée

terreoutragéeLa Terre outragée: film franco-germano-polonais de Michale Boganim
Avec Olga Kurylenko, Andrzej Chyra, Sergueï Strelnikov

 

Synopsis: 26 avril 1986, Pripiat, à quelques kilomètres de Tchernobyl.
En cette belle journée de printemps, Anya et Piotr célèbrent leur mariage, le petit Valery et son père Alexeï, ingénieur à la centrale, plantent un pommier, Nikolaï, garde forestier, fait sa tournée habituelle dans la forêt… C’est alors qu’un accident se produit à la centrale. Piotr est réquisitionné pour éteindre l’incendie. Il n’en reviendra jamais.
La radioactivité transforme la nature immédiatement affectée par ce sinistre. Les populations sont évacuées brutalement. Alexeï, condamné au silence par les autorités, préfère disparaître...
Dix ans plus tard.
Pripiat, ville fantôme désertée par ses habitants, est devenue un no man’s land, gigantesque Pompéi moderne érigé en un étrange lieu de tourisme…
Anya est aujourd’hui guide dans la zone, tandis que Valery y cherche les traces de son père et que Nikolaï, lui, persiste à cultiver son jardin empoisonné...
Le temps faisant son œuvre, l’espoir d’une nouvelle vie leur sera-t-il permis ?

Mon avis: J'ai beaucoup apprécié ce film. En y allant, je me disais que j'allais voir un pamphlet anti-nucléaire inscrit dans l'air du temps à l'aide du sujet un peu facile du désastre de Tchernobyl avec une postface sur celui de Fukushima. En réalité le film est bien plus profond que cela et porte plus sur la relation des gens avec leur terre d'origine que sur les dégâts irrémédiables causés par l'accident de Tchernobyl. Le film est scindé en deux parties, l'une se passe entre les 25 et 28 avril 1986. On assiste à la dernière journée avant la catastrophe dans cette ville modèle soviétique qu'était Pripiat, on entend les explosions, on voit la ville vivre normalement le 26 avril et on entend les rumeurs surgir. Tout cela en suivant la destinée d'un couple de jeunes mariés dont le mari sera liquidateur, d'un petit garçon qui plante avec son père un pommier sur le bord de la rivière Pripiat et d'un garde forestier qui refusera de se laisser évacuer (ou qui reviendra dans la zone après l'effondrement de l'URSS ce n'est pas précisé).
La deuxième partie filme le devenir de ces personnages en 1996. Le jeune marié est mort, la jeune mariée vit avec sa mère à Slavoutitch (ville créée d'après ce que j'ai compris pour loger les habitants de Pripiat évacués le 27 avril 1986), est guide pour une agence de voyage spécialisé dans les Chernobyl Tours, ces visites guidées de la zone, et fiancée à un Français qui veut l'épouser et l'emmener à Paris.

La première partie permettait de se faire une idée de la vie dans une ville soviétique et avait une valeur de récit historique quelque part. Mais je fus davantage émue par la deuxième partie du film qui questionne plusieurs choses, dont le tourisme. Anya (la jeune mariée devenue guide) se lasse des questions toujours identiques des gens qu'elle balade dans son ancienne ville, de leur demande de voir des monstres à deux têtes et de ne jamais penser à sa ville comme un ancien lieu de vie. Elle s'émeut de voir une petite fille à la fenêtre de son ancien appartement au point de s'arrêter de parler alors que les flash des appareils photos crépitent. Terrible décalage entre les personnes. Cette séquence me mit mal à l'aise. Que vient-on chercher en visitant Pripiat? Voir tout ce que ses habitants ont perdu? Assister au malheur des autres confortablement installé dans son bus climatisé avant de retrouver sa vie tranquille (et tant mieux pour soi!)? En 2009 lorsque je préparais mon voyage en Ukraine, je me suis posé la question de savoir si j'allais faire un de ces Chernobyl Tours et j'ai renoncé. Pour des questions plus futiles, le prix et le temps. Je ne restais que 3jours à Kiev et je voulais faire de mon voyage quelque chose de positif. Je conspue assez les personnes n'allant en Pologne que pour voir Auschwitz (qui est allemand...). J'irais en Ukraine pour voir autre chose que Tchernobyl. Quand j'y retournerai, je n'irai pas non plus à Pripiat.

Il y a encore beaucoup à dire notamment sur l'attachement à sa terre. En entrant dans la salle de projection je comprenais la "Terre" du titre comme étant la planète, en sortant je pensais que ce serait plutôt le Heimat allemand. L'endroit où on se sent chez soi.

Ce qui m'a le plus plu dans ce film est qu'il filme les gens et les effets de la catastrophe pour eux: veuvage, tentation de quitter son Heimat, sentiment de perte et immense gâchis. Ce film est à des lieues des discours moralisateurs. Il est rempli de dignité.

Publicité
Commentaires
L
Tu me donnes très envie de voir ce film!!!
I
Très bon compte-rendu de film.
A
J'ai bien aimé aussi.
B
Ah c'est marrant ça, pendant la Berlinale de l'an dernier j'ai vu un film russo-ukrainien qui se passait à Pripiat pendant la catastrophe, le titre russe était V Subbotu et je crois qu'ils avaient traduit ça en anglais par quelque chose comme "On a Saturday in Spring" ou un truc du genre. <br /> <br /> <br /> <br /> C'était bizarre et poignant... russe quoi !<br /> <br /> <br /> <br /> Joyeuses Pâques !
Le gâteau sous la cerise
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité