Chambord ou la Révélation!
Le moment est enfin venu de vous parler de ma découverte de Chambord, le 5 juillet dernier.
Mais tout d'abord, je voudrais de tout coeur vous remercier pour, premièrement, vos commentaires de soutien de l'après 6 septembre, ce fut très apprécié ;-) et deuxièment pour avoir joué le jeu en répondant à ma question posée autour du 14 juillet:
Que savez-vous de Chambord?
Je ne vais pas être originale. Pour moi aussi, Chambord n'était qu'un caprice, un pavillon de chasse à la mesure de la "mégalomanie" de François Ier. J'étais convaincue que lorsque ces messieurs partaient chasser, ces dames attendaient leur retour sur la terrasse du château. C'était une certitude historique.
Vous vous en doutez bien désormais, nous avons tout faux.
Eh oui, on ne nous dit pas tout!
Ou ne serions-nous que de crédules créatures ne rêvant que de grandes robes et de chasse à courre?
Le guide avec lequel j'aurais bien convolé a passé 3h à nous démontrer par A+B que Chambord n'était malgré tout ce qui était supputé depuis des années pas un pavillon de chasse. Peu de documents existeraient sur ce château et jusqu'à début 2010, personne n'avait remis en cause la thèse officielle. Cependant, il y a 20 mois, deux guides-conférenciers (dont mon "mari") ont décidé d'étudier le bâtiment, sa formes, ses décorations et ses sculptures. Le résultat est passionnant et paraîtra sous forme de livre en 2014 juste avant les 500 ans de Marignan et l'avènement de François Ier.
Passé la visite, je suis restée sur mon petit nuage pendant toute la journée et une grande partie du lendemain. Je me sentais comme investie d'une mission... je me devais de transmettre la Bonne Nouvelle, les découvertes transmises lors de ma visite!
Le mardi 5 juillet, je débarquai donc à 6h45 là!
Je me fis une bonne frayeur en croyant que Nestor était cassé alors que j'avais oublié de retirer le retardateur de prise de photo.
Je petit-déjeunai dans le train. Remarquez les compartiments, je n'en avais pas vus en France depuis longtemps. :)
Arrivée à Blois je pris la navette château pour me rendre à Chambord. J'aime ce genre de car. D'une part, j'aime regarder le paysage et les villes traversées et d'autre part, cela me rappelle mon adolescence et ses voyages en car quotidiens Pignan-Montpellier. Une institution! Une madeleine en quelque sorte.
Chambord en vue.
Je suis presque émue de voir ces photos en me disant qu'à l'époque je ne savais pas ce qui m'attendait... oui je fais dans le pathos.
Il n'y avait pas encore beaucoup de monde et la journée promettait d'être chaude.
Une fois arrivée à la caisse, je dus choisir entre une visite libre en me basant sur les cartels, une visite guidée de 1h et une visite conférence (avec supplément) de 2h (en fait 2h30++) avec visite d'endroits normalement inaccessible comme les combles.
J'hésitai, le supplément doublait le prix du billet (oui j'avoue, une telle pensée triviale m'a traversé l'esprit), mais une visite -conférence pouvait être bien plus intéressante qu'une errance dans les appartements du roi etc. Et puis j'étais à 15 jours de mon anniversaire!... ;-)
Evidemment je n'ai pas regretté mon choix! Je crois que vous l'avez déjà compris...
Le rendez-vous pour la visite fut donné au bas de cet escalier, l'escalier de la Chapelle. Je fus longtemps seule et je pensai même refaire un remake de ma visite de Malbork en 2003 où j'étais seule avec le guide! :) Mais d'autres visiteurs se sont joints à moi et au final, nous étions un petit groupe de 8.
La visite commença par une présentation de notre guide. Il nous expliqua que nous étions dans un château dont personne ne connaissait la véritable raison d'être. "Chambord est un mystère". Etait plus exactement un mystère. A partir de janvier 2010, deux guides conférenciers se sont posés des questions sur le pourquoi du comment de Chambord.
Un relais de chasse? Mais les trophées de chasses sont rares (moins de 5 si je me souviens bien).
Une résidence d'été? Mais le château fut quasi abandonné après la mort de François Ier et habité en mettant bout à bout tous les séjours à peine 20 ans (sur près de 500 ans d'existence, cela fait peu, vous en conviendrez).
Alors quoi?
Notre guide avait sa petite idée mais la visite pris la forme d'une enquête et tout le monde participait. Il fait dire que tout le groupe a joué le jeu, c'était très agréable.
Lorsque François Ier décide la construction de Chambord, il est Roi de France depuis 4 ans (donc l'un des 4 plus importants personnages européens de l'époque, avec le pape, l'empereur du Saint Empire Romain Germanique et el Roi d'Angleterre). De plus l'Empereur vient de mourir et son successeur doit être élu. François Ier est candidat à sa succession, Charles Ier d'Espagne, également. François Ier est d'abord favori. L'avenir lui tent les bras. Il est le souverain le plus riche d'Europe, peut-être bientôt Roi de France ET Empereur du Saint Empire Romain Germanique.
Il lui faut donc un château à la hauteur de son rang, une bâtisse faisant honneur à sa position en Europe.
Chambord ne serait donc pas un relais de chasse ou une lubie capricieuse d'un roi puissant, mais un bâtiment à haute signification politique. Notre guide se lança dans une démonstration, très convaincante, disant que Chambord n'était autre chose qu'une jérusalem céleste. Il en a toutes les caractéristiques.
Bâtiment symétrique, au milieu d'une rivière, symétrique avec en son centre un arbre de la connaissance symbolisé par un escalier en double hélice. 12 portes y donnent accès et le bâtiment est entouré d'un mur.
Celui de Chambord n'est pas complet car sa construction a été abandonnée.
Une fois Charles Ier d'Espagne devenu Charles Quint, Chambord n'eut plus de raison d'exister en tant que centre spirituel de l'Europe du XVIème siècle. Le projet fut revu à la baisse, comme qui dirait.
Une salamandre de François Ier.
L'escalier à double hélice, symbolisant l'arbre de la connaissance.
D'après notre guide, cet escalier n'est pas le seul, ni le premier.
Mais il est la patte de de Vinci dans ce château, ou l'une des pattes. :)
Le roi avait accès à ses appartement depuis l'eau par le petit couloir que vous voyez ici.
Je trouvais les fenêtres du dernier niveau majestueuses.
Admirez au sommet de la lanterne, la couronne impériale surmontée de la fleur de lys. Rageuse, elle semble narguer Charles Quint, élu Empereur du Saint Empire par des hommes alors que François Ier, lui, est Roi de France par la grâce de Dieu.
Dans l'escalier à double hélice.
J'aime les petits détails.
L'une des choses prouvant le caractère sacré de l'édifice était ces voûtes en pierre, réservées à cette époque aux édifices religieux.
Nous avons étudié plusieurs carrés de la "télévision de François Ier". A une époque où peu de gens savaient lire (même si ceux qui fréquentaient ces lieux, eux, savaient), les décorations sculptées ne devaient pas seulement être belles mais raconter une histoire.
Autour du F vous pouvez voir une corde de moine à trois noeuds en 8. Ce noeud était le symbole de Louise de Savoie, mère de François Ier. Même la position des pattes de la salamandre a une signification particulière. Vous pouvez également admirer les couronnes impériales présentes un peu partout.
Le plafond, vu de l'escalier.
Et nous voilà sur la terrasse, là où les dames étaient censées attendre le retour du chasseur.
Dans la lanterne. Hélas nous n'avons pu aller plus haut.
La signature de François Ier étaient à l'endroit pour celui regardant d'en haut, c'est-à-dire Dieu.
Quelques entresols.
Les galeries m'ont également beaucoup plu.
L'escalier du roi.
Une salamandre crachant de l'eau et reposant sur des pierres. Vous pouvez y apercevoir un bébé salamandre naissant symbolisant l'éclosion d'une dynastie que François Ier voulait séculaire.
Votre serviteure et Chambord ;-)
J'espère que cette visite vous a plu.
Pour beaucoup plus de détails, je vous encourage vivement à visiter Chambord par vous même et demander à participer à la visite-conférence par "François le dernier". ;-).
Sinon un livre sur Chambord devrait être publié pour les 500 ans de Marignan.
Bonne journée!