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Le gâteau sous la cerise
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19 décembre 2012

La gare de Bobigny

Le premier samedi de novembre, ma copine Bénédicte avait organisé la visite de la gare de Bobigny. Accompagnés d'une guide-intreprète, nous avons arpenté le terrain autour de cette ancienne gare qui fut de juillet 1943 à août 1944 le point de départ des Juifs de France internés à Drancy pour les camps de la mort, principalement Auschwitz. 

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Cette gare fut tout d'abord une banale gare de voyageurs de la Grande Ceinture parisienne. Dans le courant des années 1930, on y adjoignit une gare de marchandise. La gare de voyageurs, peu rentable, fut fermée en 1939 mais l'activité de fret continua jusque dans les années 1970.

Sur la photo ci-dessus vous pouvez voir le bâtiment de voyageurs dont la façade côté voies est volontairement laissée noire de la fumée des convois de déportation (entre autres). 

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Au fond, à l'horizon vous pouvez distinguer des poteaux, c'est à cet endroit que se trouve le nœud ferroviaire de Noisy-le-Sec où le réseau "Grande ceinture" rejoint celui "Grandes lignes Est".

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De 1954 à 2005, une partie (puis la totalité) du site fut utilisée par un ferrailleur. S'il fut difficile à déloger par les associations de mémoire désirant transformer ce lieu en mémorial, il eut tout de même comme mérite de laisser le lieu en état. C'est-à-dire qu'hormis une voie supplémentaire, le lieu ressemble à celui connu par les déportés lors de leur départ. 

Voir la dernière vue de la France de milliers de déportés promis à la mort fut quelque chose de poignant. 

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Le bâtiment abritait pendant la guerre des logement de cheminots. Son aspect balnéaire qui m'a, il faut l'avouer, tapé dans l'œil vient de Charente maritime. Avant 1937 et la fondation de la SNCF, le transport ferroviaire était géré par de nombreuses sociétés privées disséminées sur le territoire. Les chemins de fer de ceinture se sont inspirés de gare appartenant à une société locale de Charente maritime desservant Royan pour construire cette gare. 

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Plan du site en 1943-1944. 
Les bus venait de Drancy, traversaient le pont, tournaient à droite, contournaient le train et se positionnaient chacun devant un wagon. Les passagers n'avaient plus qu'à "sauter" dans ceux-ci. Le train restait ensuite en position de longues heures (il n'avait pas la priorité par rapport aux transport de fret) avant de s'ébranler, tracté par une locomotive "locale". Il passait l'aiguillage (la petite maison à gauche), s'arrêtait et à ce moment une locomotive de la SNCF était rattachée au convoi et celui partait vers l'Est (à droite sur le tableau).

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La halle de marchandise.

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L'aiguillage dont je parlais précédemment.

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Le dernier regard sur la France. 

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Dans quelque temps, la gare sera ouverte au public et comprendra au rez-de-chaussée un hall d'exposition. 
Pour ma part, j'espère que le site ne sera pas trop aménagé. Marcher sur des lieux quasi-tels quels est en soi extrêmement prenant et vaut bien des discours. 

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Le réseau de déportation. 

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Sur la halle de marchandise, on peut lire la liste des convois partis de France. A partir de 1943 et la prise en main de la solution finale en France par Aloïs Brunner, liquidateur des Juifs de Salonique, la déportation fut méthodique et régulière. Auparavant aux mains des Français, elle était quelque peu brouillonne, beaucoup de convois un mois précis puis rien puis de nouveau beaucoup de convois....

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Ce mur postérieur aux déportations est bien utile pour afficher des photos. Il serait visiblement question de le détruire.

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On peut également lire de nombreux témoignages de déportés. 

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Des lettres jetées des trains.

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Voilà un aperçu, sans les sentiments, difficilement transcriptibles. 
Je vous conseille vivement de participer à l'une des visites, gratuite et on en apprend toujours plus.  

Pour ce faire, il faut contacter la ville de Bobigny au 01 41 60 78 10 ou par courriel au mission-gare@ville-bobigny.fr

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Commentaires
L
o_O Vraiment émouvante cette balade!
A
Ironie de l'histoire, actuellement, Bobigny reste un point noir dans le "pays des droits de l'homme" : passage obligé pour les étrangers en situation irrégulière avec son tribunal dont dépend l'aéroport de Roissy et sa préfecture où ils doivent faire la queue pendant des heures, souvent sans résultat.
C
Merci Elsa pour ce reportage instructif et émouvant ......
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