Vue sur la gare de Brême ou comment j'ai compris la prédominance de l'anglais sur les autres langues.
Tout commence avec le week-end d'un de mes collègues avec sa copine à Brême et Hambourg en Allemagne. Grand amateur de photo, il dégaine son magnum et photographie les bâtiments et monuments divers, puis, à son retour, les montre à ses collègues, dont moi.
Tout continue avec le choix pour mon fond d'écran au boulot de la façade d'une gare, Brême ou Hambourg, je ne sais plus car il faudra que je redemande à mon collègue. Rien de folichon vous me direz.
Tout se poursuit avec, hier, le calme plat, vraiment un appel par heure, et mon regard qui se perd dans l'infini de mon écran. (On a l'horizon qu'on peut) et je lis "Hauptbahnhof", c'est-à-dire "gare" en allemand. Et c'est là que
Tout se transforme en étincelle. Je m'explique. Je suis adepte du multilinguisme. Pour moi, parler anglais c'est normal, mais pas suffisant. Une langue aussi "internationale" soit elle ne saurait remplacer la connaissance de plusieurs langues. Vous suivez? Je pense qu'il est idiot de ne pas vouloir parler anglais, mais triste de se dire que l'anglais suffit et tragique d'abandonner sa langue. Pour cette dernière raison, je suis volontiers vieux jeu, chaque jour au travail. Quand j'appelle un correspondant (sauf s'il est allemand cela va de soi ;-)) je leur demande s'il parle français ou anglais. Souvent on parle anglais mais desfois français. Car j'en suis persuadée si le français est en perte de vitesse, c'est en grande partie dû à l'attitude défaitiste et inconsciente de son ancienne (et actuelle) portée internationale de notre langue, de nombre de nos compatriotes. Nombre d'entre eux semble ignorer que le français est la langue véhiculaire de nombreux pays d'Afrique et ne se limite pas à la Wallonie-Bruxelles-France-Suisse Romande + Val d'Aoste. Bon passons car j'en oublie le coeur de mon message.
Ce qui s'est passé lors de ce chômage technique est que j'ai compris que l'anglais dominait les esprits à cause de la gare de Brême ou de Hambourg. Je m'explique, quand le train fut inventé au XIXè siècle il fallut lui trouver un nom. En Angleterre, il fut "train", en France aussi, en Espagne "Tren", en Allemagne "Zug" et si on parle des voies ou du train en général "Bahn", en Pologne "pociag". Ces mots proviennent tous du mot "tirer" "Ziehen Ciagac" mais n'en restent pas moins différents.
La "gare" devint "Station" en anglais, "estacion" en espagnol, "Bahnhof" en allemand ou "dworzec" en polonais. Chaque langue créait un mot venant d'elle-même. Et maintenant qu'en serait-il? Je suis prête à parier que maintenant, pour faire "dans le vent" on prendrait un mot anglais quitte à lui faire perdre son sens originel, on utilise bien des mots anglais à la place de mots français. Et non, je ne parle pas de week end, ni de football. Que celui qui n'a jamais entendu parler des activistes lève la main! (il aura droit à une carte postale de Houston en cadeau.) Pourquoi dire activiste là où on peut dire, où on doit dire "militant"?
Alors en glandouillant à mon poste, j'ai pris conscience du soft power exercé par l'anglais sur nous tous.
D'ailleurs j'ai décidé d'aller à Hambourg. :-)