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Le gâteau sous la cerise
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7 janvier 2007

Une petite virée chez Ik*a

Chaque retour dans un endroit que l'on pense sien nous montre combien le temps passe en silence derrière nous et que ce qui nous appartient et est durable est un leurre. (Ca c'est pour le moment de philo)

Cette fois le rôle du catalyseur a été rempli par une chaîne de meuble branchée de chez branchée, aux couleurs jaune et bleu, j'ai nommé, la très suédoise Ik*a!

Ma première (et jusque là unique) excursion chez Ik*a remontait à 1983 et prenait la forme dans mes souvenirs enfantins d'un bain dans une piscine de boules! Qu'en est-il 22 ans plus tard?  (le voyage date du 12 décembre 2005)

En 1983, aller chez Ik*a ressemblait à un grand voyage. On avait pris la voiture tôt le matin, roulé sur autoroute jusqu'à Marseille et là passé la journée dans ce magasin d'où on était revenu avec une couette et sa housse blanche aux tulipes multicolores où j'allais passer de nombreuses nuits avant de reprendre l'autoroute pour rentrer à Montpellier.

Cette fois-ci  s'y rendre semblait beaucoup moins impressionnant. Il ne fallut pas se lever aux aurores, ni prendre l'autoroute (quoique, la 2x2 voies qui mène à Odysséum ça compte pas?), même si le chemin, entre les travaux du tramway et la conduite montpelliéraine ne fut pas limpide.  Première constatation : ma ville n'était plus ma ville mais celle où j'avais grandi. En effet j'étais si préoccupée à trouver mon chemin, à prendre les bonnes décisions, à maintes fois hésiter à un croisement et à NE PAS s'arrêter au feu orange..hé hé... je ne pus me dire que me rendre à IK*A était de la tarte. Au contraire, j'eus le sentiment de me transformer en preux chevalier, prêt à tout pour atteindre son but, ici le temple de la société consumériste. Mais notre chevalier ne s'avoue pas vaincu pour si peu. On parlait d'Ik*a partout, il allais enfin le voir de ses propres yeux!

Le monstre, fraichement construit, se tenait tel un château fort qui se respecte au sommet d'un roc insurmontable. (Vous connaissez les châteaux cathares? Montségur ou Quéribus? Eh bien vous trouverez là une illustration de ce que, une fois rendu au pied du monticule boueux,  le chevalier aperçut. Quand on est une nana il suffit de mettre des talons et le tour est joué). Notre preux chevalier donna vaillamment l'assaut à cet imposant édifice!!

Toutefois,  plus il s'approchait du bâtiment, plus celui-ci perdait ses qualités de forteresse imprenable. De la musique d'ambiance était diffusée à l'extérieur (et il n'allait pas tarder à m'en rendre compte qu'à l'intérieur également) du magasin.
Comme par magie, entendant cette douce mélodie, le preux chevalier moyen-âgeux, pétri de romantisme et d'amour courtois pour sa dame, subissait une métamorphose, passait la Guerre de Cent Ans, la Renaissance, la Révolution, Napoléon et la révolution industrielle en une soixantaine de secondes (je sais ça fait une minute mais ça en jette plus en comptant en secondes), bousculant les couloirs du temps pour ne devenir qu'un personnage d'un film à la Métropolis entrant sans réfléchir vers le lieux indiqué par son (nouveau) maître spirituel.

Le bâtiment est grand mais ordonné. Pas question de se comporter en sauvage dans la jungle (c'est là où l'éducation du preux chevalier peut être utile), nous sommes des Hommes civilisés et nous procédons par ordre! (hum...):

D'abord admirer tout ce que le magasin a à offrir pour ensuite se jeter fiévreusement sur les objets.

L'organisation du magasin ressemble à celle d'un zoo avec circuit touristique. Les consommateurs frénétiques se promènent dans des salons différents, des bureaux, des chambres, des cuisines. Le tout très bien agencé. Des items achetables séparément sont de cette façon présentés dans leur élément naturel. Les objets présentés ainsi semblent faits pour être utilisés ensemble afin de respecter une certaine harmonie qui sans aucun doute se répercutera sur l'ensemble de la maison.
Le chevalier/consommateur frénétique s'extasie devant un coussin psychédélique sur un canapé aux couleurs assorties, la cruche d'eau sur une table, un service d'épices à côté d'une gazinière. L'effet ne se fait pas attendre : il a besoin de tout et maintenant!

 
Dans ces conditions le courageux (ou coquin) désireux d'acheter un seul objet se voit assailli de doutes. Le déchirement s'empare de son âme. Comment arracher, sans le briser, un item à son milieu? Celui que je lui proposerai à la maison pourra-t-il lui offrir une vie décente? Comment vivra sa prochaine acquisition le fait de devoir finir sur un canapé qui n'est pas en lin, à proximité d'une table de fabrication locale et non suédoise? En d'autres termes, son prochain achat (pour lequel son coeur a déjà si fortement faibli) ne devra-t-il pas faire face à un horrible sentiment de déracinnement? Personne, en tout cas pas une âme charitable qui se respecte comme la sienne, ne peut lui infliger cela. C'est bien trop cruel.
Torturé par cette mauvaise conscience naissante, il  se voit offrir deux possibilités:

  1. reposer, les larmes aux yeux et le coeur meurtri, l'objet de son désir: "Non, je ne peux pas lui faire ça"... (ce qui se traduit en général par: "Sérieusement, j'en ai déjà un en plus de celui de Mamie, ce n'est pas raisonnable")
  2. prendre l'objet mais lui choisir un compagnon afin d'atténuer sa souffrance. ( ce qui est exprimé par un :"En plus la couette qui apparaissait clairement être la meilleure amie de l'ours en peluche (le futur déraciné) est pas mal du tout et remplacera la mienne déjà âgée (2 ans). En l'achetant je pourrais même demander à Mamie de m'offrir, en lieu et place de la couette initialement prévue, pour mon anniversaire (ou autre) un chèque cadeau participant à l'achat de la Mégane ou du Scenic II. Bref, en craquant sur la couette je fais des économies sur la bagnole... ouf sauvé!)

Rempli de cette certitude, c'est le coeur léger qu'il sort la CB (avec ou sans chiffres en relief.... ah des stigmates du boulot!) pour payer la couette, plus l'ours en peluche, plus le coussin design qui fait penser à Abba et qu'on a vu chez Elodie et Guillaume et Marie et... ouais bon Mamie pourra nous prêter l'argent pour la bagnole climatisée puisqu'elle n'aura pas à refaire (comprendre prendre en charge car ses goûts à Mamie c'est pas le top quand même) la déco du salon. Avant de passer la caisse, on regarde quand même derrière soi, cet océan de nouveaux amis potentiels auxquels on dit "Oui c'est promis, je reviendrai..."

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